1.11.09

histoire de vagin

J’ai encore en tête l’inoubliable phrase du dernier médecin que j’ai vu alors qu’il me prescrivait du Fluconazole après un examen gynécologique sommaire de cinq secondes il y a onze jours :
« C’est tout ce que la médecine peut vous offrir ». La visite complète a duré huit minutes.

Jeudi dernier j’ai rencontré une naturopathe « diplômée » pour une évaluation de l’état de mon sexe et une éventuelle ouverture vers quelque chose d’autre que n’offre pas la médecine dite traditionnelle. C'est à suivre.

J'ai fait la chronologie de la douleur depuis qu’elle a commencé à se manifester en 2002. Cystites, antibiotiques, vaginites, antifongiques, et puis douleurs sans symptômes d’infection, mais mention dans mes dossiers médicaux d’une « flore anormale». Ont suivi d’autres cystites, des saignements de l’urètre, des antibiotiques, d’autres supposées vaginites à candida, des antifongiques oraux et vaginaux, et toujours des douleurs intenses sans cause reconnue par les médecins que j’ai consultés à l’époque, lorsque les infections avaient été éradiquées.

La rupture d’avec le copain après une année de détresse à deux, ressentie comme un intense soulagement. Je sentais que la fréquentation de cet homme et ce que nous étions devenus comme couple intensifiaient mes douleurs, pour toutes sortes de raisons, dont, la plus importante à mon avis étant l’incommunicabilité de nos souffrances respectives.

L’accalmie de la douleur dura trois magnifiques années, années d’abstinence sexuelle cependant, et puis une tentative de reprise d’activités sexuelles en 2006. Soldées par une crainte progressive d’une infection vaginale et des douleurs incompréhensibles qui l’accompagnent.

J’ai rencontré en 2007 un homme avec qui j’ai eu envie de vivre une sexualité épanouie, parce qu’il était absolument irrésistible à mes yeux et que je voulais m’abandonner à la vie comme une femme totale. J’ai mis toutes les chances de mon côté pour pouvoir jouir intensément de cette belle relation.

Dépistage de maladies transmises sexuellement dès le début de notre relation. Rapports protégés par des condoms, lubrifiés et extra minces. Prise d’une grande quantité d’eau afin d’uriner après les rapports et éviter ainsi l’engorgement de l’urètre par des bactéries. Nettoyage de la vulve avant et après chaque rapport, même oral. Pas de touchers manuels sur la vulve. Cunnilingus considéré comme acceptable (c’est tellement bon). Pas de contacts anus-vulve (dans cet ordre). Pas de pénétration vaginale avec les doigts. Pénétrations vaginales courtes, pas plus de cinq minutes. Sodomie, faite précautionneusement afin d’éviter toute contamination du vagin par les germes de l’anus.
Nettoyage des sous-vêtements blancs et en coton au savon biologique, biodégradable, hypoallergène et sans parfum dans l’eau bouillante et rincés trois fois, séchés à l’air. Port de vêtements amples, croisement des jambes interdit, dormir nue, éliminer le sucre de l’alimentation parce que les candida aiment cela, boire beaucoup d’eau, prendre beaucoup de fibres pour éviter la constipation, yogourt sous toutes formes pour alimenter la flore vaginale, prise de suppléments alimentaires et de probiotiques.

Cet homme respecte complètement tout cela, avec beaucoup d’amour, du calme et d’imagination. C’est un vrai gentleman. Toujours prêt pour le sexe, mais jamais achalant (...).

La douleur a recommencé, je me suis mise à vérifier plusieurs fois par jour si cela n’était pas accompagné de pertes vaginales anormales. J’ai senti mes sécrétions, et ai constaté que je sens le yogourt nature Liberté à deux pour cent de matières grasse (…). J’ai recommencé de faire des recherches abusives sur internet concernant les maladies de la vulve.

Je suis allée voir un médecin qui m’a diagnostiqué une infection à candida. Je n’ai pas voulu prendre le comprimé de Fluconazole qu’il m’a prescrit. Il n’a pas voulu m’écouter lorsque je lui ai parlé de mon historique de douleur.
J’ai fait un traitement anti-candida compliqué et onéreux à la place que je me suis acheté au magasin d’aliments naturels. J’ai suivi un régime sévère sans glucides. Je me suis insérée des comprimés de lactobacilles vivants tous les soirs pendant dix jours à l’intérieur du vagin. J’ai voulu traiter mon corps par des moyens complètement naturels. J’étais terrorisée à l’idée de recommencer le cycle infernal des années 2002-2003. J’aurais tout fait pour ne pas prendre ce que le médecin m’a prescrit et c’est ce qu’effectivement j’ai fait.

J’ai consulté un spécialiste des maladies de la vulve à une clinique de Montréal spécialisée dans les troubles de la vulve et du vagin, après huit mois d’attente : il n'a rien vu de suspect, ni sécrétions anormales, ni micro-blessures, ni inflammation. On m’a recommandé de consulter une spécialiste des troubles sexuels.

J’ai rencontré la dame une fois par semaine durant six mois. J’ai parlé de vagin, de sexe, de cul, de mon rapport aux femmes, de sexe, de cul, de mon enfance, de cul et de sexe. Même si j’ai trouvé le processus humiliant et contraignant, la douleur s’est faite discrète. Sauf, surprise, lorsque nous abordions des sujets plus délicats émotionnellement, je ressentais alors une très vive chaleur monter à l’intérieur de mon sexe, et qui n’avait rien d’une excitation. Cela s’estompait sur le chemin du retour à la maison.

Si j’ai appris quelque chose de ces séances, c’est que mon vagin est lié à tout. Il est le Centre. Voilà ce que j’ai appris.

Je m’ennuyais durant les séances et j’ai commencé à confronter la psychotérapeute et me suis désengagée de mon propre processus. Il y a eu un blocage, et je l’ai trouvée inapte à aller plus profondément dans la « thérapie ». J'ai arrêté les rencontres.

Les douleurs ont repris en mars 2009. On m’a diagnostiqué une vaginose bactérienne en juin qui a été traitée par antibiotique unidose. Ensuite, douleurs intenses continuelles et grande anxiété, comme je n’en avais jamais connue, durant plusieurs semaines.

En juillet 2009, j’ai pensé mourir. Je me sentais extrêmement désespérée, prise d’une folie intérieure, d’une déréliction totale. J’avais peur que la douleur ne cesse jamais. Et cela ne cessait pas. J’étais accablée. Impuissante. Je n’avais plus d’intériorité, seulement cette douleur pointue contenue dans ma zone intime, dans l’incapacité de me connecter à quoi que soit d’extérieur à moi-même. Je me levais le matin le couteau cisaillant mon vagin et le soir le couteau était encore là. Souvent, je me masturbais mais il semblait que la douleur était plus intense après les orgasmes. Je n'étais même pas capable de pleurer tellement j'étais angoissée, envahie par le désespoir. Je me disais: "Toutes ces années de lutte et de soins pour cela".

En août j’ai décidé de me donner une chance et j’ai commencé, malgré tous mes préjugés et mes peurs face aux médicaments, à prendre un antidépresseur, Celexa 20 mg, une faible dose mais qui a enlevé l’anxiété terrifiante dans laquelle je ne pouvais plus sortir depuis des semaines. L’envie de mourir s’est estompée. Le sourire est revenu, les douleurs vaginales n’ont plus créé la folie de juillet. En septembre, tout était relativement sous contrôle. Pas de douleur mais énormément de précautions d’ordre alimentaire, sexuel et hygiénique. Je me disais que peut-être, finalement, toutes ces douleurs étaient d’ordre psychosomatiques.

Les douleurs ont repris en octobre. On m’a diagnostiqué une vaginite à candida. J’ai pris les médicaments que le médecin m’a prescrits. J’ai donné une chance à la médecine traditionnelle. Maintenant, lorsque j’ai mal, j’ai mal, c’est tout. Je ne panique pas comme en juillet. Mais la douleur est là.

"Mon vagin prend beaucoup de place dans ma vie".

Depuis onze jours, je raconte tout ce qui concerne mon vagin sur ce blogue, en toute sincérité. J’ai peur d’être indécente mais je n’ai pas le choix. Si je veux m’en sortir je dois essayer d’autres méthodes, parce que sinon j'arriverai aux mêmes résultats désolants qu'avant et parce que je ne suis pas certaine que la médecine traditionnelle puisse faire quelque chose pour moi.

La naturopathe a quelques idées sur les maladies, la santé et la guérison. J'ai essayé de garder l'esprit ouvert mais....

Depuis trois jours, je n’ai pas mal.

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