7.10.10

anxiété

Depuis soixante-douze heures, alors que je ne sens pas mes poumons, ni mon foie, ni le sang couler dans mes veines et que mon vagin devrait rester muet aussi, j'ai mal, encore. Ça brûle et je sens comme un épanchement suinter de l'intérieur, sans cesse, mais il n'y a pas d'écoulement massif dans la culotte. Il ne semble pas y avoir de signe d'infection ou quoi que ce soit d'anormal à part ces deux manifestations.


C'est idiot et probablement inutile, mais ce soir je vais aller à la pharmacie me procurer BIO K, et cela sera une absorbtion abondante de ces petits pots de crème aigre répugnante (deux par jour) que j'avalerai sans respirer pour les trois prochains jours. 50 millions de bactéries actives par pot, et je ne sais même pas si elles passent le cap de l'estomac et ses acides pour calmer ma flore vaginale.

Mais je m'en fiche, je dois faire quelque chose, n'importe quoi plutôt que de sentir monter l'anxiété.

27.8.10

dure pilule à avaler

J'ai rencontré ma copine S. sur la rue en me rendant au travail ce matin. Dès qu'elle m'a vue, elle s'est effondrée. Elle était défaite.

- D., mes douleurs ont recommencé et j'ai rendez-vous ce soir avec R., tu sais le gars dont je t'ai parlé, et ce soir c'était "notre soir".

Rendez-vous amoureux, baise éventuelle, baise désirée, appréhendée, fantasmée, redoutée, etc. Les douleurs entre les jambes sont réapparues, après quatre années d'accalmie. Rougeurs de la vulve, échauffements, sensation de lourdeur, mais surtout cette angoisse absolument dévastatrice que tout cela recommence, que tout cela n'arrête plus, et vienne ravager l'idée même d'un début de relation normale.

- J'peux pas croire que ça arrive maintenant, ça peut pas arriver maintenant, j'capote!

- Penses-tu que c'est à cause que j'le désire tellement que mon vagin se gonfle?

- Penses-tu que c'est à cause de mon vibrateur, me semble que j't'allée un peu fort la semaine dernière...

- J'ai pas osé regardé la zone de la semaine et ce matin fallait que je regarde, c'était rouge! On dirait que c'est enflammé! Et R. qui m'envoie plein de messages textes pour me dire qu'il a tellement hâte à ce soir, tellement hâte de me serrer dans ses bras, qu'il y pense sans cesse, qu'il y a pensé toute la semaine, et moi je me sens bouffie et tellement moche pis j'ai tellement peur!

- J'devrais-tu lui dire?

- J'vais lui dire que j'suis menstruée, mais en même temps j'ai tellement envie de lui, ça fait une an et demi que personne m'a touchée!

- Pourquoi j'ai mal juste maintenant, alors qu'avec mon ex je m'en foutais complètement, j'me protégeais pas, j'faisais tout ce qui me passait par la tête et plus encore, tout était impeccable, j'ai jamais eu mal ni rien!!! Et le gars à la limite j' m'en foutais! Pis là, avec R., j'ai vraiment l'impression que c'est spécial, unique, magique, vraiment important pour moi et là, ça revient!

- D., si tu savais à quel point j'ai souffert durant des années, j'ai vu tellement de spécialistes, je me suis badigeonnée de tellement de crèmes, les médecins n'y comprenaient rien et finalement c'est parti tout seul; si ça revient, j' serai complètement démunie, j'ai rien pour me battre contre ça, c'est l'impuissance totale!


"Bienvenue dans le club ma belle!"

27.6.10

l'amour me tue

Je suis dans la souffrance. Pas celle du corps, mais celle de l'intérieur, là où les mots n'existent pas. Voici l'histoire en bref. Même si celle-ci n'est pas l'objet de ce blogue.



Il y de cela presque trois ans j'ai rencontré un homme dans un meeting des Alcooliques Anonymes que je nommerai R. Entre R et moi, il y a eu cette connexion particulière, physique, que ressentent deux personnes fortement attirées l'une par l'autre. Entre R et moi, cela a toujours été très particulier. C'est un ancien bagnard qui s'en est sorti et qui est un phénomène de bonté et d'amour, qui a complètement transformé sa vie et ses valeurs en profondeur. Il n'est pas très compliqué. Il mord à pleines dents dans cette vie nouvelle qui est la sienne depuis sa sortie de prison. Je l'ai aimé tout de suite, dès que mes yeux se sont posés sur lui la première fois. Je le trouve très beau et ai toujours raffolé de son visage et de son corps. J'ai beaucoup changé à son contact. J'ai mûri, je suis plus mature, j'ai changé mes valeurs. Je suis plus dans l'acceptation de la réalité telle qu'elle est et dans l'abandon au courant de la vie, malgré tous les malgré. Je suis moins tourmentée. Je fais des choses différentes, et ma vie a changé. Je traverse mes peurs plus facilement. Sans jamais me brusquer ni me faire la morale, R m'a montré un chemin qui est un chemin de vie. Je lui en serai toujours reconnaissante.



J'ai toujours eu peur de l'amour, de l'engagement, qui signifient pour moi l'enfermement et la déception. Comme si je n'étais déjà pas habituée depuis mon plus jeune âge à m'enfermer dans ma tête, ma rationalité. C'est une prison.



J'ai toujours dit non à cet amour avec R, n'ai jamais pu complètement m'y abandonner, pour toutes sortes de raisons dont quelques unes s'apparentent à une réelle lucidité et d'autres qui prennent racine dans cette peur viscérale d'être accompagnée dans ma vie par un homme dont le parcours est si peu conventionnel, et d'autres encore qui sont de l'ordre de l'incapacité à accepter l'autre dans son intégralité, ses faiblesses, ses déficiences. Faiblesses et incapacités de l'autre qui me font réellement mal, moi, la trop sensible, l'idéaliste, la fusionnelle, qui décide que l'homme à qui elle donne son amour ne peut plus se tromper, parce qu'elle lui a livré son coeur, parce qu'elle lui a donné sa confiance, parce qu'il est dorénavant l'Homme et qu'elle ne peut pas supporter d'être déçue d'aucune façon par l'Élu de son coeur vulnérable. Sinon elle meurt, blessée, trahie, hors d'elle même.



Depuis quelques semaines, j'ai laissé partir l'oiseau, cette adorable bête, pour qu'il puisse expérimenter la vie, l'amour, la liberté en dehors de moi, si rebelle, incapable d'en faire mon conjoint. Atterrée et tellement lasse de constater que je n'arrive pas à m'engager sérieusement et dans la certitude que cet homme mérite mieux que CELA.



Depuis quelques semaines, R fréquente une femme qui, je l'ai appris mercredi, serait amoureuse de lui et remplie de gratitude envers cet homme si doux, si bon et si accueillant avec lequel elle peut être parfaitement elle-même pour la première fois de sa vie, sans masque ni rien. Elle lui a présenté ses enfants, chose que je n'ai faite qu'au bout de quelques mois de fréquentation. Elle lui a ouvert la porte de sa maison, de son coeur et de son lit. C'est moi qui ai suggéré à R de vivre sa vie d'homme, de ne pas perdre de temps, de ne pas m'attendre, de VIVRE, VIVRE, VIVRE!!!



De jour en jour, j'ai de plus en plus mal. Je suis d'humeur sombre. J'ai des plaques sur le corps et ma peau me démange. Je bouffe n'importe quoi. J'ai énormément de difficulté à me concentrer. Parfois, au milieu d'une activité, une bouffée de désespoir absolue me tétanise, me laisse pantelante et sans aucune énergie. J'ai parlé à plusieurs personnes de ce que je vis. Beaucoup ont de la compassion pour moi. À ma grande surprise même. Je suis dans un désert, je suis dans la confusion. Je ne sais pas ce que je veux, je ne l'ai jamais autant peu su avec tant d'acuité. Mes paradoxes, mes conflits intérieurs, mon incapacité à surmonter les images de R avec la femme s'embrassant, se racontant mille et une choses banales et futiles, tellement importantes dans le fond, me font hurler. Je sens les miettes de ce qui reste de mon coeur s'entrechoquer misérablement. J'ai vraiment mal.



R me dit: "Quoi que tu décides, je serai là. Si tu veux être ma femme, je suis là. Si tu veux que nous soyons des amis, je suis là. Je t'aimerai toujours, tu es ma famille, je ne t'abandonnerai jamais".



Je vois une psy. Pour démêler.



Je pense que je dois rester ouverte aux messages éventuels que révèle ou révélera cette expérience. Si je m'en sors vivante bien sûr.




28.3.10

vide

Mon vagin est silencieux, muet, apaisé. Il ne se creuse pas, ne s'embrase pas, ne brûle pas, rien. Pas d'explication logique à la douleur, pas d'explication logique à l'absence de douleur. Prendre cela avec humilité: toutes les choses qui m'échappent et auxquelles je ne peux rien il y en a des tonnes et je ne contrôle rien.
Ça me ramène encore et de plus en plus à l'éphémérité de la vie et ma mort, inéluctable. Souvent dans ma tête c'est: "À quoi bon, tout cela".

24.3.10

vestibulite vulvaire et littérature: les "intellectuels" n'aiment pas!

Réflexions acerbes, machistes, misogynes et insensées du critique littéraire Dan Schneider sur l'oeuvre de Susanna Kaysen "The camera my mother gave me".

Over the course of a few years, as she is menopausing, Kaysen finds that her vagina is constantly in pain from vestibulitis, as if ‘a little dentist drilling a little hole’, and she is forced by circumstance and her own stupidity, to go to series of incompetent doctors, herbalists, and biofeedbackists, that can do nothing to ease her pain. She refuses the treatment with the highest chance of success- an operation to remove the scar tissue, because she puts her faith in Internet claims, rather than her admittedly stolid doctor. (...)

(...) That Kaysen is so wise in describing these things after the fact but so stupid while living them- her choices in men, doctors, and refusing the obvious choice 99% of women would have made- is part of what makes for a good, light read, if not a mature life.

The book ends on this note:

‘Disease is one of our languages. Doctors understand what disease has to say about itself. It’s up to the person with the disease to understand what the disease has to say to her.
My vagina keeps trying to get my attention. It has something important to say to me. I'm listening.
I’m still listening.’

It’s a bizarre ending, as well, because even though she’s written the whole book, she hasn’t learned a damn thing. It’s not about her vagina, or since passed sex life, it’s about how she can cope with herself, and understanding that the hysterical nature of her emotional ills, and over-emphasis on sex and her sexuality, were what probably first brought about her vaginal woes, in rebellion against her poor sexual choices in partners. In short, she spent far too much time listening to her vagina, and that’s why she has led such an unhappy life.


Ce n'est pas de la critique littéraire, mais la démolition systématique de sentis et d'émotions liés à une problématique de douleur inexplicable. Il ne commente pas l'oeuvre, mais il condamne les choix de l'auteur en invalidant sa souffrance. Je trouve ses commentaires injustifiés et déplorables, indignes d'un homme de qualité.

Que ce genre de bonhomme "lettré" ne traverse jamais mon chemin!

23.3.10

je suis froide, sèche et inflexible

Plus du tiers des pages visitées sur mon blogue sont liées à mon message intitulé "vulves". On peut y cliquer sur des liens de sites montrant des vulves présentées de façon dite "non pornographique". Cette fascination pour le sexe est, comment dire, consternante. Comme si mon blogue attirait des yeux voyeurs, avides de sensations crues et triviales. Pourtant, Dieu sait que le but de ce blogue n'a rien à voir avec cela. JE VEUX GUÉRIR DE LA DOULEUR. C'est probablement le prix à payer.
Anyway, je sais que je suis utile à certaines femmes qui me lisent. J'aurais tellement aimé pouvoir lire, dans mes pires moments, les sentis d'une autre femme partageant le même genre de souffrance obscure que moi. Je vais continuer à écrire.

Ces jours-ci, le sexe m'est odieux, toutes ses manifestations me semblent obscènes et inappropriées. Probablement des fulgurances de mes années d'adolescence, lorsque mon anorexie a pris toute la place, et que j'ai banni mon corps jusqu'à l'os. Le sexe n'occupait pas mon imaginaire, j'étais bien au-dessus de "tout cela". Un pur esprit. J'ai toujours été comme ça. Incapable de jamais vraiment occuper mon corps comme il se doit. Ces relents de rigorisme primaire ne m'étonnent pas, bien au contraire, ils démontrent que je m'isole dans ma tête. Je ne fais pas assez de meetings (Alcooliques Anonymes). Je m'enfonce dans la pudibonderie.

18.3.10

vagin intelligent

























Ai lu d'un trait ce bouquin hier. Étrangement réconfortant malgré que l'auteur n'a pas trouvé de remède à sa vestibulite dans sa quête intense. (comme plusieurs d'entre nous qui avons couru d'un bord pis de l'autre à la recherche d'une solution, d'une cure, d'une réponse, n'importe quoi!)

Il y a des phrases comme celle-ci, qui trouvent en moi une forte réponse émotionnelle:
"Just because we don't understand the cause doesn't mean it isn't real".

Ou celle-ci:
"This is part of what's so bad about this disease. People feel responsible for it".

Le mot "vagin" est répété un million de fois, et, me concernant, cela a fait un bien fou. Le mot n'est pas secret, tabou, interdit ou au contraire candidement glorifié. Il ne décrit pas un organe sale, honteux. Il n'est pas mystifié non plus.

Le vagin de Susanna fait mal. Elle veut que cela revienne comme avant:
"The vagina is mostly like a pancreas and feels nothing. If it feels something, it is either erotically engaged or ill. All this is obvious if you have one. But half of us don't. I have one, and something went wrong with it".

Je conseille vivement ce livre à toutes les femmes qui souffrent dans leur sexe.