24.12.09
vacances de Noël
Je vais dormir dans les bras chauds, durs et accueillants de mon fidèle amoureux, grignoter toute la journée toutes sortes de bonnes choses, me promener nue en botte de chasse dans la pièce unique en me faisant regarder avec convoitise, je vais pisser devant l'homme, accroupie sur une cuvette, et me rincer la vulve méticuleusement et en prenant mon temps, je vais me faire un café noir, attraper Mrs. Dalloway, lire trois pages et m'engloutir dans le sommeil. Durant la nuit, je me réveillerai, mettrai mes bottes de chasse, et irai me promener regarder les étoiles exploser sur l'écran noir du ciel. Je ne penserai à rien.
Si je suis bien calme, bien connectée, je continuerai ma quatrième étape suggérée par les Alcooliques Anonymes, dont je suis membre, commencée cet été mais jamais terminée: "Nous avons courageusement procédé à un inventaire moral minutieux de nous-même".
Je suis convaincue que je n'aurai pas mal au sexe. Et si cela recommence, je l'accepterai, sans me révolter. Parce que c'est ma réalité, et que je ne peux rien faire de plus que ce que je fais déjà.
23.12.09
diagnostic: je souffre de vaginodynie
"Si ce sont des douleurs cuisantes à l'intérieur du vagin, non liées aux pénétrations, et que nous écartons les irritations liées aux infections, aux allergies et aux problèmes dermatologiques, vous souffrez de vaginodynie. Parmi cent femmes qui consultent pour troubles de vulvodynie et qui viennent me voir, une souffre de vaginodynie. C'est très rare. Je vais vous prescrire, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, un antidépresseur tricyclique, Norpramine (Desipramine), qui va vous aider. 85% des femmes avec des douleurs de ce type ressentent une amélioration au bout de quelque temps. Je veux vous voir dans six mois".
Il a effectué un prélèvement vaginal pour cultures en laboratoire et examens plus poussés. Il a fait un examen à l'état frais (microscope), et m'a indiqué qu'il voyait quelques minimes colonies de levures (candida) mais insuffisantes pour affecter ma flore; il semble qu'on retrouve cela chez presque toutes les femmes. Il a dit que j'avais de belles sécrétions vaginales, bien blanches, laiteuses, de demi-cycle menstruel. (j'en suis fort aise!)
Le docteur Lambert est un homme passionné par ce qu'il fait. C'est réjouissant de le voir courir à droite et à gauche, remplir sa paperasse d'une main nerveuse, poser des questions très précises: "À combien sur une échelle de 1 à 10 évalueriez-vous votre douleur lors des derniers épisodes de brûlure?"
Il m'a complètement intégrée dans le processus: "Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vous suggérerais cette molécule... qui pourrait améliorer votre situation... ", "Allez-voir ce site web, il pourrait vous être utile".
J'ai un diagnostic. Je souffre de vaginodynie. Je ne suis plus dans le néant: un médecin a reconnu mon état. Je ne sais pas pourquoi je souffre dans mon sexe, mais aujourd'hui, je m'en fiche comme d'une guigne, j'ai un diagnostic.
20.12.09
Niki de Saint Phalle
Inspired by the pregnancy of her friend Clarice Rivers, the wife of American artist Larry Rivers, Niki de Saint Phalle began to use her artwork to consider archetypal female figures in relation to her thinking on the position of women in society. Her artistic expression of the proverbial everywoman were named 'Nanas'. The first of these freely posed forms, made of papier-mâché, yarn, and cloth were exhibited at the Alexander Iolas Gallery in Paris in September of 1965.
...
In 1966, she collaborated with fellow artist Jean Tinguely and Per Olof Ultvedt on a large scale sculpture installation, "hon-en katedral" ("she-a cathedral") . for Moderna Museet, Stockholm, Sweden. The outer form of "hon" is a giant, reclining 'Nana', whose internal environment is entered from between her legs. The piece elicited immense public reaction in magazines and newspapers throughout the world. The interactive quality of the "hon" combined with a continued fascination with fantastic types of architecture intensifies her resolve to see her own architectural dreams realized.
18.12.09
vagin honni
Histoires banales, surtout lorsqu'on sait qu'en Amérique du Nord les raisons principales de visites médicales gynécologiques sont liées à une vaginose bactérienne ou une candidose.
Le médecin fera un examen gynécologique, peut-être extirpera-t-il quelques échantillons de cellules ou sécrétions blanchâtres de ma paroi vaginale. Il me dira que tout est normal.
Dans quelques jours, semaines, mois, mon vagin s'enflammera, brûlera, se muera en bête impitoyable qui mord et qui griffe; je hurlerai dans ma tête les mots de l'agonie et du désespoir, comme je l'ai fait auparavant, durant des jours, des semaines, des mois.
Plus que jamais, je suis perplexe face à l'aberration de cet état mouvant, instable, imprévisible, qui n'a ni cause ni raison. Comme avec la mort, je ne peux rien faire. Traiter cette condition comme elle est: par la ruse et la rouerie, et vivre, vivre, vivre, comme si cela n'avait jamais existé, comme si cela ne reviendrait plus.
Malgré l'intégration de nouvelles connaissances, l'écriture, la recherche d'une certaine forme d'acceptation, il reste en moi une béance: c'est la terreur de ce qui m'échappe, de ce que je ne peux ni maîtriser ni dominer. Des antidépresseurs m'ont été prescrits l'été dernier suite à des angoisses paralysantes de basculer dans la tourmente des douleurs envahissantes, dans la terrible obsession que cela ne cesse jamais. J'en prends depuis. La folie est partie.
Je suis une femme intelligente qui pourrait être vaincue par une maladie "honteuse", parce que révélant les ténèbres poisseux du sexe faible, toute l'immonde hypocrisie de cet organe suintant, visqueux, insidieux, perfide, glissant, glaireux. Je déteste mon vagin. Je le déteste incontestablement et sans arrêt.
15.12.09
je ne veux plus me révolter
Cela ne me désole pas. J'ai mûri. La vie n'est pas une tragédie. La maladie n'a de sens que si on lui en donne un. La décence c'est de traverser tout cela sans se révolter.
11.12.09
choc psychosomatique
J'avais envie de boire, j'avais envie de voir des hommes: ce club m'a semblé l'endroit idéal pour exalter mes bas instincts. Cela faisait tellement longtemps que je m'abstenais de toute forme de compulsion quelle qu'elle soit. Ce soir-là, rien au monde n'aurait pu m'empêcher de me rendre là; j'y serais allée en rampant.
Dans le bar enfumé rempli d'une nuées de midinettes extatiques et de gars très dévêtus tous coulés dans le même moule (jeunes, musclés, hilares), j'ai bu une quantité effarante de bière, j'ai ânonné quelques histoires abracadabrantes à quelques personnes indistinctes ("Je m'appelle X je suis journaliste au journal Y je fais un reportage sur les travailleurs de l'industrie du sexe à Montréal."); vers trois heures trente du matin, on m'a résolument donné mon congé; j'ai résisté, comme d'habitude, l'alcool me rendant frénétique, geignarde et décérébrée.
Je suis finalement retournée chez moi en taxi. Je me souviens d'un homme fumant une cigarette, installé sur une des chaises de ma cuisine, probablement le chauffeur de taxi. Il se peut que j'aie fouillé partout pour trouver une robe que je tenais absolument à mettre, je ne m'en souviens pas tout à fait, mais le surlendemain mon garde-robe était sens dessus dessous, traversé par une tempête.
Il semble que j'aie décidé de faire une visite surprise à mon amoureux, ayant eu peut-être, dans une vision éthylique, souvenance de "mon partenaire de vie", et plus tard je me suis retrouvée dans cette voiture, en route chez lui. Je ne me rappelle pas du trajet, sinon qu'il était interminable. Lorsque mon ami a ouvert la porte, dans ses yeux j'ai vu le mépris, l'étonnement, l'incompréhension. Je me souviens d'avoir ressenti de la honte, malgré le brouillard de l'ivresse.
Je l'ai suivi jusqu'à la chambre, il s'est assis dans le fauteuil à côté du lit, m'a dévisagée sans parler. Je me suis dévêtue. Ma boucle d'oreille était coincée dans mon soutien-gorge.
- Pourquoi ta boucle d'oreille est dans ton soutien-gorge?
- J'sais pas, moi, elle est tombée. Baise-moi au lieu de me poser des questions.
- T'es bizarre, j'sais pas quoi t'dire. Qu'est-ce que t'as, qu'est-ce que t'as pris?
- J'ai bu de la bière.
- T'as l'air droguée, t'es pas normale, j'comprends pas, d'où tu viens?
- (…)
- Qu'est-ce que t'as fait. T'as rencontré quelqu'un?
- J'suis sortie dans une place, j'ai bu, c'est tout.
- (…)
- Quoi, j'ai l'droit, merde, tout le monde fait ça de temps en temps, pourquoi tu me regardes comme si je venais de t'annoncer que j'avais assassiné quelqu'un?
- Il est cinq heures et demi du matin. Qu'est-ce que t'as fait entre la fermeture du bar et maintenant?
- J'sais pas, j'm'en souviens plus, tu me fais chier avec tes questions. Pourquoi tu me regardes comme ça, je me suis juste soûlée la gueule!
- Où t'étais?
- Pas de tes affaires.
- C'est pas clair ton affaire, c'est pas normal, on va s'en parler demain lorsque tu auras retrouvé un visage humain.
(pourquoi il me baise pas le con)
Deux jours plus tard infection urinaire, visite chez le médecin, prescription d'antibiotiques. Début de douleurs vaginales. Une semaine plus tard deuxième visite chez le médecin qui diagnostique une vaginite à candida. Un comprimé oral d'antifongiques, des ovules à insérer dans le vagin. Douleurs phénoménales au vagin, deuxième cystite, antibiotiques, on diagnostique une autre vaginite, autres comprimés oraux, troisième cystite, autres antibiotiques.
Mon urètre saigne, mon sexe brûle, mon conjoint est affligé de doutes parce qu'il est convaincu que j'ai eu une histoire ce soir-là et que je ne veux pas lui avouer; les douleurs intenses au vagin et les cystites récurrentes sont pour lui un signe que je somatise, que mon corps parle.
J'ai su par hasard qu'il était allé chez le médecin pour des tests de maladies transmises sexuellement, dont le VIH.
Il a commencé à consulter un psychologue parce qu'il est entré dans une forme aiguë de méfiance morbide, n'étant plus capable de se débarrasser de l'idée maladive que je l'avais triché cette nuit-là et étant apparemment incapable de le supporter.
J'avais très mauvaise conscience et les douleurs inouïes n'arrêtaient pas, je n'osais plus lui en parler de peur de l'affecter davantage. On aurait dit que son esprit malade m'avait contaminée; je sentais "qu'il aurait plus se passer quelque chose finalement, avec cet homme, dans la cuisine".
La loi du silence a prévalu, nous nous méfiions de ce qui pouvait nous faire du mal. Rien n'était dorénavant léger, ni agréable entre nous. Nous étions dans le grand jeu de la tragédie.
Il est tranquillement devenu fou, envahi par une forme de jalousie pathologique, qui engluait le moindre de ses regards, le moindre de ses gestes, la moindre de ses pensées: tout le ramenait à cette boucle d'oreilles fatale, les manifestations intempestives de mon sexe, les deux heures d'écoulées entre la sortie du bar et mon arrivée chez lui à six heures du matin, échevelée et méconnaissable.
Notre vie sexuelle est devenue terrible. Des forces obscures se déchaînaient là, dans ce lit de bourgeois bien mis.
Moi, j'étais tordue de souffrance: mon sexe était le feu, le sang, la culpabilité, la honte, la déroute, l'infection, la mort. Je me disais: "Il faut que cette douleur entre mes jambes disparaisse à tout prix: c'est à cette condition que je pourrai me pardonner d'avoir sacrifié mon couple à l'ignominie d'une soirée de débauche". Et aussi: "Si cela arrête, au moins l'un de nous deux pourra sauver l'autre".
Notre couple a agonisé dans les gémissements et les râles durant un an. Nos noirceurs intérieures ont éclipsé la foi, l'amour, la vie. Nous n'avons pas été bons l'un pour l'autre, envahis par notre propre affliction. L'égocentrisme, malgré nos dehors teintés de délicatesse et de prévenance, a fait son œuvre.
À la fin, je le méprisais. Un homme la queue entre les deux jambes, englué par l'obsession: pitoyable. De son côté je suis certaine qu'il me considérait comme une traînée; j'en ai pour preuve la forme violente et inappropriée qu'ont pris nos ébats intimes.
Trois ans après notre séparation, j'ai reçu un courriel de lui:
"Tu sais, j'aimerais tellement savoir ce qui s'est réellement passé cette nuit-là de novembre. Si tu me le disais enfin, je serais libéré".
Son obsession semble avoir pris toute la place.
Moi, depuis cette nuit de novembre, mon sexe a pris toute la place.
10.12.09
bruits mouillés bruits secs
Je me vêts de ravissantes petites robes, je prends soin de ma peau, de ma chevelure, de ma santé, je me rétablis de l'alcoolisme (1) en faisant un maximum de meetings AA et NA et en m'avisant de remettre ma volonté et ma vie aux soins d'une puissance aimante supérieure à moi-même, je tâche d'être douce et bonne et voilà que mon sexe fait des petits sons mouillés, des petits sons secs. Qu'il semble qu'on peut entendre, qu'on entend sûrement.
Mon corps me ramène sans cesse à une certaine forme d'humilité: il semble que rien ne vaut les tristes aléas de l'accomplissement des lois biologiques pour me rappeler l'essentiel: parfaite imperfection, décrépitude à venir, dénouement fatal de la vie physique. Toutes ces choses.
(1) Je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis quatre ans et demi.
8.12.09
vie et mort d'un vagin
Au début je suis inondé d'œstrogène et de lactobacilles hérités de la mère. Il y a ensuite évacuation de cette hormone et de ces bactéries durant quelques semaines, et durant le processus mon utérus peut saigner, comme cela peut arriver à une femme qui omet de prendre sa pilule contraceptive.
Jusqu'à la puberté, mes parois intérieures sont fines. Mon pH est neutre, un peu alcalin même. Je ne contiens plus de lactobacilles. Je suis très sensible à l'irritation produite par les produits chimiques. J'ai les particularités d'un vagin de femme ménopausée.
À la puberté il y a sécrétion d'une très petite quantité de testostérone qui favorise des odeurs plus fortes, une pilosité à la vulve et aux aisselles, un début d'intérêt sexuel, des sensations excitantes aux mamelons et chez moi, le vagin.
Deux ans plus tard environ l'œstrogène revient en force. Les cellules du mucus tapissant mes parois sont gorgées de glycogène (sucre), que les lactobacilles adorent et grignotent avec avidité. Le sous-produit de cette "consommation" est un acide. Cette acidité me fortifie et protège l'utérus contre les infections.
Durant toute cette vie fertile, après chaque ovulation mensuelle, sera sécrétée la progestérone (une hormone) en grande quantité pour soutenir une grossesse éventuelle. Mes sécrétions sont plus concentrées, de couleur jaunâtre. Elles succèdent à celles qui sont apparues à l'ovulation, et qui avaient un aspect glaireux et transparent. Elles permettaient le transport des spermatozoïdes vers le col de l'utérus en vue d'une fécondation. Ces sécrétions diminueront d'intensité lors de la deuxième phase du cycle, mais l'œstrogène en grande quantité peut favoriser, chez les femmes sujettes à cela, l'apparition de vaginites…
Je suis un organe dynamique qui contient un écosystème en changement perpétuel, très puissant mais paradoxalement très fragile aussi….
Lors de la grossesse, les lactobacilles augmentent sous la forte poussée hormonale. Il y a beaucoup de sécrétions épaisses, blanches, visqueuses, provenant en grande partie du col de l'utérus. L'acidité de mon milieu rend l'utérus moins vulnérable aux dangers d'infection lors de la délivrance. Il y a une augmentation probable du risque de vaginites à candida durant cette période, due à la hausse des hormones sécrétées qui enrichissent d'autant les cellules épithéliales de sucre et nourrissent pas conséquent les levures de type candida qui aiment le sucre. Il peut être difficile de s'en débarrasser, lorsque les candida se regroupent en colonies (candidose).
"Low levels of estrogen can make you miserable."
À la ménopause, le manque d'œstrogène de mon milieu contribue au fait que les cellules perdent leur glycogène, les lactobacilles disparaissent d'autant, l'alcalinité de mon environnement augmente. Je deviens plus mince (un certain degré d'atrophie), plus sec, plus pâle (mes vaisseaux sanguins rétrécissent, mes cellules sont moins gonflées), je suis plus vulnérable aux irritations, aux micro-blessures, aux invasions de bactéries. Mon ouverture peut rétrécir. Les relations sexuelles peuvent être douloureuses, même avec une bonne lubrification.
Toutefois, il semble que continuer les activités sexuelles stimulerait mon flux sanguin, et contribuerait à me garder acide, donc moins sujet aux infections, et diminuerait d'autant les potentialités de sécheresse et d'atrophie...
Bonne nouvelle pour moi: pour celles qui suivent une thérapie hormonale de remplacement (une femme sur cinq aux États-Unis), je peux rester ferme et élastique, les lactobacilles restent, et le pH reste acide (normal), jusqu'à la fin.
6.12.09
vulves
Voici quelques sites non pornographiques, je tiens à le répéter, pour celles qui envisagent de voir "comment les autres sont réellement faites". Peut-être suis-je seule à avoir cette lubie, mais sincèrement, je ne le pense pas.
Voici ce que ça donne:
- imagerie génitale de Betty Dodson
- 1001 vaginas...
- Vulva Velvet
- Vulvology
- vulves dans la nature: pourquoi pas!
- ode à la vulve: très coloré!
Peut-être que si je trouvais mon sexe moins moche, il me ficherait la paix (je l'ai déjà pensé). Ma quête continue.
5.12.09
je me coucherai moins conne ce soir
C'est étonnant comme l'écriture de ce blogue me stimule. Sans le stress et le désespoir liés à l'impuissance de quelque chose qui me dépasse et qui ne finira jamais, et pour laquelle personne ne peut rien. J'ai l'impression qu'il est pratiquement impossible que je ne sache pas, à court ou moyen terme, de quoi je souffre exactement.
Cette américaine, Elizabeth G. Stewart, est gynécologue et spécialisée dans tous les problèmes vulvo-vaginaux. Ce livre qu'elle a écrit dans un langage simple et précis, est LA BIBLE pour toutes celles qui sont intéressées à en savoir davantage sur "cette partie la plus féminine du corps humain", notre sexe à nous les filles. Le "V" du titre réfère à vulve, vagin, vestibule. Termes qui devraient, selon elle, être compris et intégrés convenablement pour que nous puissions apprécier la formidable architecture de ce sexe, et aussi nous faire comprendre lorsque nous voyons un médecin, en utilisant un langage clair et précis. Le vagin n'est pas la vulve. Le vestibule est pratiquement un organe en soi, très innervé (énervant?), etc.
Elle écrit: "(...) let me say that The V Book is not out to challenge modesty. Private parts are meant to stay private. But The V Book is designed to help you realize that te vulva and vagina should not be private to you".
Cette scientifique curieuse et passionnée a induit chez moi une discrète forme de prérogative sur ma féminité. Avec un langage méthodique et objectif mais non dénudé de chaleur, sans atermoiement. Ce soir, je me couche contente. Moins déconcertée. Il paraît que la quête est plus substantielle que l'objectif qu'on vise. Aujourd'hui, je l'ai senti.
vagin qu'on ne veut pas voir
Propos très spontanés d'une collègue de bureau: "J'ai toujours des problèmes avec mon vagin; dernièrement, j'ai vu qu'il y avait des boutons absolument affreux dessus, je suis tellement écoeurée de tout ce qui se passe "là", j'ai toujours une vaginite, je suis menstruée de façon totalement aléatoire, ça fait un an et demi que mon mari et moi on essaie de faire un bébé, en plus je le trouve laid, il pend, il pue même si je prends une douche tous les matins, il a une forme bizarre. J'peux pas croire que mon chum l'aime et aie toujours envie de le voir, le toucher et y mettre sa queue. Et puis c'est quoi ces boutons? On dirait que je fais de l'acné génital. Ça existe-tu cette maladie-là?"
- C'est peut-être des condylomes.
- Des condylomes? T'es folle, j'ai couché avec un seul homme dans ma vie, et c'est mon mari.
- Oui, mais ce sont des verrues qui s'attrapent de toutes sortes de façons différentes et qui n'apparaissent pas tout de suite nécessairement après la contagion. On va voir sur internet des photos si tu veux.
Quelques visionnements de photos plus rebutantes les unes que les autres plus tard...
- Non, ça ne ressemble pas à ça mon affaire, moi, je fais de "l'acné juvénile génital".
- Bon, si tu le dis. J'irais quand même vérifier chez le doc à ta place. Il y a une clinique, près du bureau. Tu pourrais t'inscrire sur la liste d'attente, tu verras un médecin éventuellement en fin de journée et tu seras fixée.
- Je ne pourrai pas si c'est un homme.
- T'auras pas le choix, il n'y a pas de femmes médecin à cette clinique.
- Mon Dieu, j'pourrai jamais, je serais trop gênée, et en plus je ne suis pas rasée de près!
- Chérie, tu vas voir le docteur pour qu'il te dise exactement ce qui en est des boutons qui t'inquiètent. Il a vu des milliers de vagins, de toutes les couleurs, formats et odeurs. Je suis désolée de te dire cela, mais celui-ci devrait être aussi peu émoustillé à la vue de tes jambes bien écartées que de ton coude ou ton genou.
- (...)
Le lendemain.
- Et puis?
- C'est des boutons. Poils incarnés et autres. J'ai rien compris, mais il a dit que j'étais normale. J'ai des boutons partout qui sortent tout le temps et j'ai un vagin normal. Je comprends pas les artistes comme Georgia O'Keeffe qui se sont intéressées assez à cette zone du corps pour s'en inspirer. Le vagin est ma partie de corps que je déteste le plus.
- (...)
(Je suis certaine qu'elle n'est pas la seule à le penser. Ce site, mesdames, va vous réconcilier peut-être un peu avec cet organe...et la femme désirante et désirable qui le contient...)
photo: Georgia O'Keefe, "Red Canna", 1925.
4.12.09
consommer idiot c'est "full fou", comme dirait ma fille
Je n'ai plus le goût de consommer idiot. Un maximum de connaissances, pour un maximum de conscience. Et vice-versa.
Concernant la physiothérapie, il semblerait que la rééducation périnéale peut offrir un soulagement aux femmes qui ont des problèmes de vulvodynie, de vestibulite vulvaire, de dyspareunie ainsi que de vaginisme.
La rétroaction biologique (biofeedback), qui est une des techniques utilisées en physiothérapie périnéenne, permet de mieux comprendre ce qui se passe au niveau de l'activité musculaire du plancher pelvien, et semblerait donner des résultats intéressants, surtout pour celles qui souffrent de vestibulite et de dyspareunie. Donc "amener à la conscience" des activités musculaires qui normalement se font à notre insu et permettre de corriger certains "réflexes" de douleur.
3.12.09
vulvodynie et suicide: un cas désespéré
"In a well-known case, an English woman, Yvonne Wallis, committed suicide in her late forties after suffering from severe vulvodynia for eighteen months. She was only forty-seven when her pain began. She believed that her symptoms were associated with a prescription
cream she used to cure a yeast infection. After being in terrible pain, her doctor told her she was having a severe reaction and the discomfort would go away within the week. It did not go away. She saw specialists but got no relief. Wallis wasn't able to sleep or move around normally, and she was taking sleeping pills and painkillers regularly. In his book (1), her son Mark Wallis wrote: "She would hold my arms, crying and saying that she could not take any more and that no one was helping her. When I would hold her, I felt her whole body twitch with pain".
Yvonne Wallis didn't know anyone else with her problem. In fact, she didn't know much about vulvodynia at all. Wallis was in a rural community without access to the latest research, or even to doctors who were aware of the disorder. She spiraled into a cycle of severe depression. Although proper psychological treatment might have saved her life, neither her family nor her doctors knew enough about chronic pain to help her". (2)
Je n'ai pas de commentaire à faire. Si ce n'est que le bouquin de Mark Wallis est à compte d'auteur et introuvable sur internet. Si quelqu'un a une petite idée...
(1) Wallis, Mark, 1996. Just another woman's problem. Self-published.
(2) Glazer, Howard I., Ph.D., 2002. The vulvodynia survival guide. New Harbinger Publications.
image: Pablo Picasso, "femme qui pleure".
1.12.09
mystère et boule de gomme
Demain, j'aurai mes règles. C'est dire que la période la plus régulièrement inconfortable de mon cycle menstruel est pratiquement terminée; en effet, après l'ovulation mes symptômes d'inconfort ont tendance en général à augmenter, probablement en raison du pH et des hormones de reproduction. Mystère donc.
Pourquoi dans ce bouquin tous les symptômes de douleur qui y sont répertoriés mais dans la zone vulvaire seulement sont semblables aux miens, qui souffre exclusivement de l'intérieur du vagin. Pourquoi on exclut de la définition donnée à la vulvodynie ce qui concerne l'intérieur du sexe. Je ne comprend pas cette distinction. Pour dr Howard Glazer, la vulvodynie se concentre dans la région de la vulve, donc tout ce qui concerne l'extérieur de l'entrée du vagin (le vestibule).
Selon lui, toutes les anomalies émanant de l'intérieur du vagin se présenteraient comme ceci: "Vaginitis: inflammation of the vagina. Vaginatis may be caused by fungus, bacteria, hormonal imbalance, chemical irritation, allergy, or conditions such as lichen planus. A woman with this condition may have itching or burning and may notice a discharge."
Et il ajoute: "Vaginatis is a common condition". Que veut-il dire par "common condition". Probablement quelque chose de facile à diagnostiquer et traiter.
Je sais qu'il peut y avoir un mélange de toutes sortes de manifestations qui se superposent, rendant généralement un diagnostic très difficile à établir. Souvent, c'est par élimination que les médecins arrivent à se poser. Et c'est plus souvent qu'autrement par une analyse de critères subjectifs reliés à la douleur réelle de la patiente.
Il est connu que les femmes ayant eu un historique d'infections vaginales récurrentes sont plus sujettes que les autres à développer éventuellement des douleurs chroniques vulvaires. Parfois, il est difficile de voir la vulvodynie chez celles qui font des infections vaginales récurrentes. C'est caché, souterrain. Et il y a la souffrance, difficile à exprimer en mots clairs. Les douleurs chroniques sont encore considérées par les médecins comme associées à la maladie mentale, à des "fragilités". Mais de moins en moins.
Je ne suis néanmoins pas vraiment plus avancée.
Autre mystère: jeudi dernier lorsque je suis allée à cette causerie sur les douleurs vaginales organisée par l'organisme ELVA, aucune des femmes présentes n'avait le même historique de douleur que moi.
Suis-je la seule au monde à souffrir depuis des années de douleurs cuisantes à l'intérieur du vagin sans aucune infection diagnostiquée nécessairement.